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Arvi pa

La Roche-sur-Foron ne cédera pas ses terrains. Le Vélodrome Arena ne repose plus sur rien. La bise hivernale emporte ce rêve capricieux dans les archives du temps. 

Arvi pa. (Au revoir en patois haut-savoyard)

Mais ce n’est pas arrivé par hasard. Des femmes et des hommes se sont mobilisés. Des milliers de haut-savoyards ont soutenu l’effort. Des conseillers municipaux ont été convaincus. Tous ont compris que la transparence, la concertation, et le travail collectif donnent du sens à l’action humaine. Nos institutions prévoient que nous élisions des hommes et des femmes pour nous représenter, pour traiter la complexité des dossiers. Nous leur abandonnons alors des décisions qui nous engagent, sur des projets qui nous sont clairement exposés lors de campagnes électorales ou de concertations publiques ad-hoc. Le système marche sur la confiance. Mais M. Saddier a sapé ce contrat implicite. Il a souhaité nous entraîner sur un choix contraint. Il a usé du pouvoir de la verticalité, et sollicité – pour sa perte – un compagnon malheureux au jeu, un compagnon qui allait couler son projet de Vélodrome Arena : M. Ducimetière. Comment ce dernier, dans une stratégie qui ne prévoyait ni concertation publique ni transparence a-t-il pu perdre la main avec une majorité de 24 contre 9 à la mairie ? 

Car le travail en profondeur de l’association NAVA et de leurs soutiens a démontré, par effet miroir, la faute démocratique du binôme Saddier-Ducimetière. Leur vol démocratique, qui se voulait moderne et contraint, a échoué. Dans VELODROME ARENA il y avait pourtant une anagramme qui aurait dû nous alerter : VOL MODERNE AREA. Le vol d’une zone (l’Area de ROCHEXPO) selon les lois modernes du passage en force politique. Mais ROCHEXPO fut leur crash zone. 

La cigale et les fourmis

Sur la place de la fourmi – la bien nommée place de la mairie à La Roche-sur-Foron – vous étiez plus de 500 fourmis haut-savoyardes à clamer fièrement ce mercredi 7 février 2024 notre victoire. La Roche-sur-Foron ne cédera donc pas ses terrains. Martial Saddier, la cigale, avait pourtant chanté tout l’été la démesure de son caprice. Mais au cœur de l’hiver, la bise venue, Martial Saddier le politique n’a plus rien a manger. Qu’il danse maintenant pour attirer ce qui le nourrit, les mouches et vermisseaux de la fable.

500 fourmis chantaient « on lâche rien » depuis 18h sur la place. Mais pas en vain. Leurs phéromones envoyaient un message spécifique aux conseillers municipaux enfermés dans leur conclave. Et induisaient chez eux un comportement spécifique, voter CONTRE. Quand le verdict 17-1-15 (17 CONTRE, 1 ABSTENTION, 15 POUR) tombe de la salle du conseil, il est clair que toute cette coordination collective a payé. 

Une valse à deux temps 

Dans son communiqué Martial Saddier est resté sobre face au camouflet : « Le conseil municipal [de la Roche sur foron] s’est exprimé hier soir et nous respectons sa décision. »

Reconnaissons-lui une forme de maîtrise. 

Mais réfléchissons. Huit conseillers de la majorité de M. Ducimetière ont lucidement et en conscience lâché le projet dans leur vote à bulletin secret. MM Saddier et Ducimetière n’avaient rien anticipé et doivent ressentir ou retenir une certaine amertume, peut-être une certaine haine. Mais reconnaissons que dans cette valse à deux temps il suffisait de presque rien, peut-être deux votes CONTRE de moins, pour qu’ils pavoisent.

Prenons conscience de cela. Un projet de 200 millions d’euros, avec une dette récurrente d’exploitation, n’a fait l’objet d’aucune concertation publique, d’aucune transparence. Finalement, le débat n’eût lieu que le jour du scrutin entre 33 personnes qui n’avaient pas eu accès à toutes les pièces du dossier.  Ce sont ces principes démocratiques qui sont dévastateurs. Ils ne devraient plus pouvoir se reproduire.

Michel Callot le président de Fédération Française de Cyclisme « fustige ceux qui n’ont agi que par opportunisme politicien » et regrette ce votre contre un équipement qui serait aussi « utile pour former des futurs talents que pour initier des enfants et accueillir très largement la population dans la découverte du vélo ». Martial Saddier affirmant de son côté que « la Haute-Savoie méritait cette infrastructure ». 

Mais sachez messieurs, que certains rochois souhaitent une infrastructure de 20’000 places pour notre club de football (« pour former des futurs talents »), d’autres veulent un investissement massif sur des pistes cyclables protégées (car ils pensent que « la Haute-Savoie mérite cette infrastructure »), d’autres veulent consacrer un tel budget à nos structures éducatives et sociales (« pour initier des enfants et accueillir très largement la population »). Chacun a sa sensibilité, sociale, économique, écologique, sportive. Chacun souhaite l’exprimer mais regrette l’absence de forums. Chacun souhaite comprendre les dossiers majeurs pour se prononcer en conscience. 

Les chemins que MM. Saddier et Ducimetière nous ont proposés n’étaient pas par essence voués à l’échec. Ils misaient sur la soumission des rochois et la subordination des conseillers municipaux. Mais nous avons été curieux, et nous avons trouvé dans la force collective de vraies solutions et satisfactions. Je ne sais pas quelles conclusions MM. Saddier et Ducimetière tireront de cet échec, peut-être auront-ils le courage de démissionner, mais souhaitons pour notre région des politiques plus transparentes et participatives. 

Merci à tous ! 

OLM

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