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Le 28 mars 2023, vers 20h40 environ. La lecture par Martine du règlement et des statuts de l’association NAVA est terminée. Benoît, qui anime la soirée, demande quels participants refusent lesdits règlements et statuts. Qui les accepte. Sur les 14 personnes présentes,  14 mains se lèvent en guise d’approbation. Un plébiscite ! Un raz de marée de oui ! Ne manquera plus que la validation des juridictions ad hoc pour donner un statut légal et donc un statut réel à l’association NAVA.

Voilà à peu de choses près comment est née l’association NAVA. Sans fioritures, juste 14 mains qui se lèvent. Pas même, un « oui je le veux » déclamé ensemble ou chacun notre tour. Juste 14 mains qui se lèvent. Pas un seul opposant.

Ce n’est pas très grisant à regarder la scène froidement. Quelques uns ont esquissé des sourires de satisfaction. On s’attendait toutes et tous à ce résultat. Si cette étape du vote est inévitable et presque trop solennelle, donc désincarnée, là n’est pas l’essentiel.

Dans cette histoire, comme souvent, si les faits humains conditionnent la législation, ils la précèdent pratiquement à chaque fois. On trouve toujours le bruissement des âmes des citoyens militants, et le grondement de leurs corps avant la lettre sèche et silencieuse du législateur.

S’opposer au projet du Vélodrome Arena fut comme l’acte fondateur du collectif NAVA. Dire NON. Non à «  l’artificialisation des terres en Haute-Savoie », non à « l’aggravation du changement climatique », non à une oligarchie décisionnelle sur des projets qui concernent chacun d’entre nous.

Un « non » principiel qui surgit il y a presque un an sur la place publique et qui a laissé se déployer  presque concomitamment un « oui » plus puissant encore. Un « oui » à plus de vie démocratique, à la préservation, voire l’amélioration de la qualité de vie des habitants (ici de la Roche sur Foron), à la prise en compte des plus modestes, à la pleine conscience des enjeux sociaux et environnementaux présents et à venir.

Qui n’a jamais ressenti cette puissance de vie l’étreindre face à une situation injuste, indéfendable, inique, rate quelque chose de ce que chacun d’entre nous a dû ressentir à bas bruit quand nos mains se sont levées.

J’ai alors repensé à Elisabeth, absente ce soir, allant défier le président du département, en pleine semaine, pour lui remettre la pétition signée par 20 000 personnes. Elle n’ignorait pas que M. Saddier ferait fi de sa venue. Elle y est allé quand même. Par nécessité. Par devoir.

J’ai repensé à cette fin de journée pluvieuse où nous nous étions retrouvés devant la Rochexpo, pour attirer l’attention de quelques notables sur l’absurdité de ce projet de vélodrome. La police nous repoussait tranquillement, nous résistions bruyamment.

J’ai repensé à notre première conférence de presse, dans une brasserie rochoise, scellant l’acte fondateur de la naissance du collectif. Je revois mon voisin de droite, lors de sa brillante prise de parole face aux journalistes, trembler de tout son corps.

J’ai repensé à l’échange que certains d’entre nous ont eu avec M. Saddier, au sein du département. Son retard, que j’ai jugé, volontaire et méprisant. Se serait-il permis un tel retard avec M. Wauquiez ? 

J’ai repensé à la joute verbale que Benoît a engagé presque dès le départ avec notre hôte. A Martine, assise à ma gauche, qui, forte de ses convictions, me paraissait immense à chaque fois qu’elle prenait la parole.

J’ai repensé à Adrien, Yannick, lors de notre soirée conférence, dans un froid hivernal, solide sur leurs jambes et sur leurs arguments, devant 300 personnes, récompensant sans le savoir nos efforts des semaines passées.

J’ai repensé à ces heures à discuter, échanger, à faire corps entre nous, sur la logistique, nos arguments, nos idées, nos doutes, nos agacements, notre détermination. 

Il y a indéniablement quelque chose de charnel entre NAVA et ses membres fondateurs, Martine, Thierry, Olivier, Virna, Léa, Jacqueline, Frédéric, Benoît, Adrien, Marie-Claude, Josée, Gérard et moi. Et tous ceux, absents, ce soir du 28 mars.

Une camaraderie à n’en pas douter, presque comme une amitié.

                                                                           RN

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